Dieu a besoin de nous pour donner à la terre le goût du ciel

Depuis quelques années, se sont constitués un peu partout en Europe et dans d’autres régions du monde, différents mouvements de revendication et de contestation. Vous vous souvenez sans doute des groupes connus sous les vocables : « les indignés », « les gilets jaunes », « la parole libérée » « mee too ». Dans des domaines bien différents, ces groupes se présentent comme des personnes refusant de se résigner à la dérive financière et politique du monde actuel, aux abus de toutes sortes. Par leurs actions, ils espèrent œuvrer pour plus de justice, plus d’attention à l’environnement et de soin à la création, plus d’égalité et de solidarité. Leur ambition donne à penser. Avouons que beaucoup de choses dans les temps où nous sommes convoqués à l’indignation : la violence aveugle au nom de Dieu, les inégalités sociales croissantes, les lois qui dénaturent et déstructurent la famille, les programmes éducatifs libertaires, le cynisme de certains politiques, voire les scandales répétés dans le giron même de l’Église. Pour tous, ce paysage social donne parfois du vertige. Pour les jeunes, l’avenir s’envisage moins sereinement qu’autrefois. Qui pourra transfigurer ce monde, la restaurer, lui donner un horizon apaisant et dynamisant ?

 À chaque élection, nous recherchons, bien souvent en vain, celui qui incarnera au mieux, notre rêve d’un monde et d’un pays où la justice et la fraternité s’embrassent et où le vivre sereinement ensemble et la solidarité soient palpables. Mais entendons-nous personnellement l’appel du Seigneur à être les messagers par qui il « arrache ce monde au pouvoir des ténèbres » et «  réconcilie toute chose avec lui » en donnant la paix à tous les êtres sur la terre et dans le ciel ? Que faisons-nous ?

La fête du Christ nous présente non pas un Christ « grincheux » et indigné théoriquement mais un crucifié qui donne tout pour ce monde au prix de sa sueur et de son sang pour que le Père soit reconnu et aimé. La fécondité d’un tel don de soi commence avec le larron dont le roi humble et sans violence réussit à retourner le cœur.

Le Christ-Roi que dessine l’évangile de ce jour vient nous rappeler la bonne nouvelle que l’Église doit incarner. N’est-ce pas le programme de vie que nous avons reçu à notre baptême en devenant en Christ, prêtre, prophète et roi ?

Ne désespérons donc pas de ce monde, de Dieu et de son Église. La présence invincible du Christ dans les tribulations de notre existence nous est promise. Jésus n’a-t-il pas donné sa vie pour cela ? Notre monde a tant besoin de recevoir de la joie du Christ. La vie bonne, de nombreuses personnes la recherchent près des ruisseaux d’illusion, du divertissement, de l’orgueil de la pensée ou dans la vaine gloire qui se fane comme une fleur.

Le silence, la trop grande discrétion, la tiédeur et parfois les mauvais témoignages et les arrogances des chrétiens entretiennent le nid de l’athéisme et de l’indifférence de nos contemporains. Si nous continuons à nous murer dans l’ombre, le monde sera dans les ténèbres, livré à l’angoisse et aux idéologies mortifères et nous contaminera de sa tristesse. Dieu n’a besoin ni d’idéologues, ni de défenseurs (il est assez grand et stratège), ni de spécialistes du culte, mais d’hommes et de femmes dont la vie se fait offrande et parfum d’éternité.

En ce dimanche du Christ-Roi, prions particulièrement pour tous les baptisés qui ignorent qu’ils ont revêtu le Christ. Prions les uns pour les autres afin que nos existences annoncent le visage humble et tendre du Christ. 

Père Parfait Abbey

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