20ème Dimanche Temps Ordinaire C

 Bien-aimés de Dieu, de tout ce que nous pouvons retenir de la lettre aux Hébreux, nous ne saurions faire fi de l’appel à ne pas être « accablés par le découragement ». L’auteur de cette lettre ne s’est pas privé d’interpeler les hébreux enclins à se décourager sur le chemin de la foi, d’un nouvel engagement à la suite du Christ, d’un choix d’abandonner le péché. Il nous a paru nécessaire de nous arrêter, à la lumière de cette interpellation, sur notre tendance quotidienne ou intermittente de nous décourager en divers domaines, surtout en matière de vie de foi. Ainsi, au souvenir des lectures qui viennent d’être faites, nous remarquons des manières de faire ou d’être vouées à la construction d’un mode de vie anti-découragement.

            Bien-aimés, ce que nous vous dirons sur Jésus, suscitera, en certains d’entre nous, cette envie de dire que cela est d’une autre époque. Mais, nous croyons fermement, pour notre gouverne personnelle et pour un coaching qui sied en termes d’accroissement spirituel, qu’en Jésus nous avons et trouvons le modèle par excellence de l’endurance. D’ailleurs, lorsque l’auteur de la lettre aux Hébreux présente le Christ, il déclare ceci : « Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu ». A vrai dire, entre la joie qu’il avait déjà d’annoncer la sainte volonté de Dieu et de s’épanouir au milieu d’un monde à porter vers le salut, et le début de sa passion le conduisant sur le chemin de la croix, cet ignominieux supplice, Jésus aurait pu prétendre à un découragement, somme toute, normal ou compréhensible. Mais en fait, Jésus n’a jamais eu le temps, ni le besoin, encore moins l’intention de se décourager. Pour preuve, l’auteur de la lettre aux Hébreux, voulant mettre en exergue le fort mental du Christ, relève que non seulement il n’a pas eu honte du supplice, mais encore il a méprisé cette honte. Dans le même sillage, lorsque le Christ annonce ses souffrances et sa future mort sur la croix, il utilise les signes du feu qu’il va, de son initiative, apporter sur la terre et du baptême, donc de l’eau, qu’il va recevoir. Point de découragement en Jésus, car c’est lui qui déclare son impatience à ce que le feu du Saint Esprit embrase le monde et son devoir de recevoir ce baptême de sang sur la croix, malgré l’angoisse qui est la sienne jusqu’à ce qu’il soit accompli. Le découragement n’est pas inscrit dans le vocabulaire de Jésus, car il ne peut exister en Lui qui, sachant qu’il devait aimer les siens jusqu’au bout (Jn 13), manifeste une détermination farouche malgré les angoisses et les risques de honte et que sais-je encore.

            Si le découragement a été notre quotidien, s’il a souvent pris le dessous sur nous, cela n’a jamais été le cas pour Jésus et pour Jérémie malgré l’hostilité qu’il a subie. Ce qui, au-delà du modèle de Jésus et de Jérémie, devrait nous empêcher de nous décourager, c’est de nous dire et rappeler, chaque fois ou tous les jours, que nous n’avons pas encore fini de résister jusqu’au sang dans la lutte que nous menons contre le péché et sur le chemin de la foi. C’est enfin de pouvoir, comme le psalmiste, croire et espérer que, de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue de nos épreuves, le Seigneur nous tire, nous fait reprendre pied sur le roc et raffermit nos pas. Au lieu de laisser notre esprit s’engloutir dans les pensées qui mènent au stress sans qu’on ne puisse être productif, disons-nous que le Seigneur pense à nous, se penche vers nous pour entendre notre cri.  

Père Vivien

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