XIIIème dimanche du temps ordinaire – Année A
« Qui vous accueille, m’accueille, et celui qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. »
Un jour un non chrétien s’adresse à des chrétiens en ces terme. « Vous les chrétiens, on se demande si vous avez bien réfléchi avant de vous engager à la suite de cet homme Jésus et de l’adopter comme votre maître. Vous êtes bien d’accord avec moi qu’) part sa naissance, sa fin n’avait rien de glorieux : la mort sur la croix. Votre maître est crucifié, dépouillé de tout, de ses vêtements, de l’honneur et la vie. La joie, l’avoir, le pouvoir, les richesses et même le bonheur ne lui sont-ils pas étrangers ? Que celui-là se mette devant et vous demande de le suivre, et que vous-mêmes, le suiviez vraiment, où peut-il vous mener, sinon à la ruine. Imaginez avec lui le phénomène que vous constituez : un pauvre devant drainant une foule de pauvre derrière lui, défilé de misérables, cortège de damnés de la terre, cohorte de prolétaires à qui on enlève la joie et qui traînent l’existence dans le manque, sans oser élever la voix, sans songer à s’organiser en révolution pour renverser la bourgeoisie, des prolétaires qui au contraire se nourrissent de doctrines de soumission et de douceur conduisant à une infâme résignation. Ce Jésus, à des gens qui déjà n’ont rien, demande de tout laisser pour le suivre, et à ce quoi ils ont naturellement droit à savoir, père, mère, fils et filles, il faut que ses disciples y renoncent pour être dignes du maître. Chers amis chrétiens, continue le non chrétien, est-ce le maître qu’il vous faut ? Qu’avez-vous à chercher à être digne de celui qui n’est pas digne de vous ? Votre maître est triste car on ne rigole pas sous et sur la croix. Il veut de surcroît qu’on l’aime plus que tout. Mais quel homme trouves-tu au-dessus de l’homme pour qu’il mérite que tu l’aimes plus que toi-même ? Ce Jésus pourtant l’exige de ces disciples. Que prétend-il être ?
Cette dernière questions chers amis engendrent en moi d’autres. Jésus est-il à la hauteur de ses prétentions ? n’est-il pas un doux rêveur ? Sa pensée est-elle réaliste ? au fond, Jésus est un dénonciateur d’illusion. Or l’illusion ne se dénonce pas elle-même, car les loups ne se mangent pas entre eux. Qu’est-ce qui dénonce mieux l’illusion que la réalité ? Qu’est-ce donc que la réalité ?
Réellement, Jésus m’a fait voir l’homme qui a accumulé des richesses considérables. Il a abattu ses anciens greniers, il en a construit de plus grands, il a fait gonfler ses comptes en banques. Ses biens étaient à lui, ils ne partagent rien avec personne, de peur de na pas en avoir assez pour lui-même. Il a accumulé de l’or comme du sable, il était sourd au cri du nécessiteux. Il entendait garantir la sécurité de sa vie par l’immensité de son avoir. Mais à l’orée de la tombe, ses avoir l’on lâché, il a dû tout laissé à des héritiers qui ne s’étaient pas donné de la peine, car là-bas, il na pouvait rien emporter. Voilà l’illusion que dénonce Jésus.
Réellement Jésus m’a fait voir un homme qui, sur la terre s’est donné tous les moyens pour se payer tous les plaisirs. Il ne se privait de rien. Le plaisir, la jouissance à lui et à lui seul. Au-delà de son portail, il ne voyait pas le pauvre qui ne rêvait pas à la jouissance, mais à la satisfaction des besoins élémentaire pour son survivre. Il jouissait tant et si bien que tous l’acclamaient, car tout allait bien pour lui. Mais au temps de la vieillesse, il a perdu le goût et le sommeil, et à l’orée de la tombe, les plaisirs l’ont lâché et ne l’ont pas suivi au-delà du monde présent. Voilà le réalisme qui dénonce l’illusion des vautrés.
A celui qui dénonce l’illusion, je me fie et lui demande : que dois-je faire ? Et il me dit : Lève-toi, laisse tout, prends ta croix viens et suis- moi. Il me dit encore : le choix que tu fais de moi, mets-le au-dessus de tout. Mais alors, je ne me demande pas de haïr les miens, mais mes relations avec lui éclairent d’une lumière mes relations avec les autres. Les aimer parce que j’aime Jésus ; les aimer parce que Jésus est dans tous ces envoyés. C’est une nouvelle lumière sur l’amour. Et quelle joie d’accueillir tous comme d’autres Jésus. Quelle joie de trouver Jésus dans les autres.
A M E N
Comments are closed