Marie, la soignante universelle, la mère de toutes les mères, l’inlassable pourvoyeuse d’espérance.

Quand le comédien Philippe Torreton a commencé, au Vendredi saint, dans Notre-Dame vide, la lecture de la magnifique prière du Rosaire de Francis Jammes quand ont résonné ces simples mots du poète converti sous ce qui reste de la voûte crevée de la cathédrale que nous pleurons encore, il y a eu des frissons dans plus d’une âme humaine. Et de vraies larmes ont pu couler sur des visages qui, de longtemps, en ont perdu l’habitude, à force d’ambitions, de carrière, de fric et de cynisme. Les téléspectateurs rassemblés par KTO et BFMTV n’étaient pas venus seulement pour écouter des artistes brillants, comme le violoniste Renaud Capuçon, ou l’actrice Judith Chemla, si bons fussent-ils, mais pour sentir passer dans l’air bleu du Paris meurtri par le coronavirus assassin un souffle divin de consolation et d’espérance. Ils n’étaient pas venus, à l’appel de l’archevêque de Paris, écouter, comme les jours ordinaires sur les innombrables chaînes profanes, des histrions, des experts péremptoires ou des bavards rigolards, mais pour laisser sa chance, pour une fois, à la caresse de la tendresse du divin.

Il incombait bien sûr, en ces lieux, à la figure de Marie consolatrice d’opérer ce miracle d’émotion et de tendresse maternelle. La soignante universelle, la mère de toutes les mères, l’inlassable pourvoyeuse d’espérance, cette géniale « invention » catholique a fait tout son office à cette occasion par les mots du poète.  qui ont assisté à l’événement ne sont pas près d’oublier cette extase d’un instant consacré à l’éternité de la beauté et à la louange, par la prière, de la femme absolue dont l’amertume face à la mort de son fils ne s’est jamais tournée en désir de vengeance ou en représailles batailleuses. Quand un catholique pense à Marie, il doit reconnaître en toute simplicité qu’il s’émeut pour toutes les femmes : sa mère, bien sûr, sa femme, mère de ses enfants, sa fille qui a pris le relais de la vie, ses sœurs en humanité, et toutes les donneuses de vie qui ne craignent pas la mort et nous en protègent, en vertu de leurs capacités à ériger entre le mal et nous des remparts qui valent en efficacité toutes les barrières montées par les « virils » de la terre.

Mon Dieu entre mes bras Marie  Noël (extraits)

Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,
J'adore en mes mains et berce étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m'avez donnée.

.De bouche, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d'ici-bas
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.
De main, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De chair, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

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